C’est le deux cent quatre vingt dixième fafiot!
Mercredi 31 Mars 2010
(de boire à la santé du mort)
Chères déconnobloguiteuses, chers déconnobloguiteurs, bonjour.
C’est à l’heure du café calva, que nous avons appris la triste nouvelle: Jérémy Matournée est décédé prématurément, cette nuit, dans sa 65ème année.
La commune de Mézieux-en-Bourbay est sous le choc.
Jérémy Matournée était le fils de Madeleine Matournée et d’un soldat américain, Humphray Bienfuffé, qui avait débarqué dans la vie de Madeleine à une époque où les sanglots longs des violons étaient un gros tinet monotones, et qui l’avait séduite en lui chantant Beach Omaha Beach, pendant que ses copines allaient chez le coiffeur. Humphray Bienfuffé, était reparti at home sans savoir que sa bannière étoilée avait engendré un petit d’homme.
Deux ans plus tôt, Jérémy avait eu un frère jumeau, Heinrich, fruit de la passion entre Madeleine et Helmut Von Koudbite, à une époque où il fallait bien être occupé à se faire couvrir autre chose que le feu. Seulement, à la naissance, Heinrich avait un teint vert de gris hérité des bottes de son père, ce qui le faisait ressembler plus à un tzigane qu’à une fourmi, et ce qui ne lui présageait pas un avenir prometteur. Il est mort accidentellement, deux minutes après sa naissance, en tombant dans un évier rempli d’eau.
Jérémy Matournée n’a jamais trop souffert de la perte de ce frère jumeau, l’écart de deux ans et son aversion pour le schnaps y étant conjointement pour quelque chose.
Jérémy Matournée a fait son service militaire dans l’artillerie à Beaune, et a découvert sa voie en côtoyant les canons et en dégoupillant les grenades. Peu de temps après un couscous fort en sauce, il a été convoqué par l’armée, mais la médecine militaire lui ayant trouvé un groupe O rhésus Boulaouane, n’a pas cru bon l’envoyer en Algérie sous le prétexte qu’il aurait pu être considéré comme étant juge et partie.
Comme le disait si justement Emile Bourrafond, maire de la commune de Mézieux-en-Bourbay, au journaliste de la Gazette Bourbayze :
« La commune perd non seulement un administré apprécié de tous, mais aussi sa figure scientifique »
En effet, Jérémy Matournée s’est intéressé très tôt à la dynamique des fluides et aux mélanges étonnants. D’ailleurs, ses travaux font autorité bien au delà des frontières communales, et il a donné des conférences mémorables jusque dans un comptoir de l’Inde, très cher au coeur de Rudyard Kipling célèbre auteur de « Tu seras un homme ma fille » dédié à sa fille Amélie, preneuse de petit tamis à deux mains.
Très peu de gens savent que c’est à lui, que l’on doit cette formule tant usitée dans les lieux publics de communion à l’heure de l’apéritif : « Tiens, patron, r’habille moi le gamin! » ou bien « Profite que je sois en cale sèche, René, pour en remettre une couche ».
(Jérémy Matournée – sortant de la Conférence du 12 Mai 2008 sur le réchauffement des gosiers)
Jérémy Matournée a toujours refusé les honneurs, et même en ayant la capacité pour poursuivre ses études jusqu’à une Licence IV, il a préféré faire ses expériences au milieu de ses potes plutôt que d’être enfermé dans un labo chez lui ou terré dans une cave.
Mise à part sa soif de connaissances et de découvertes en ce qui concerne l’état liquide, Jérémy Matournée, participait tous les ans à une épreuve sportive célèbre : le rallye Pastis-Calva, dont il était un candidat redouté, mais respecté.
Très grand finisseur dans les Côtes du Rhône, il n’avait pas son pareil, non plus, pour emmener des grands braquets dans les lignes droites de Bordeaux.
Jérémy Matournée nous manquera à tous. Il a eu une vie brève, mais de comptoir, la plus noble!
En signe de deuil, tous les drapeaux de la commune et le chiffre d’affaire du bistrot de la place seront en berne.
Dans un testament qu’il a rédigé il y a trois ans chez Maître Haruban, suite à un accident au cours duquel il a crû mourir en buvant la tasse dans sa baignoire, il a souhaité n’avoir ni fleur, ni couronne. Par contre il désire une mise en bière sans faux col et un cercueil en fût de chêne.
La cérémonie religieuse, aura lieue dans l’église du village, vendredi 2 Avril 2010 avant l’apéro.
Jérémy Matournée a souhaité être inhumé dans le caveau familial, entre Madeleine Bienfuffée (elle a voulu prendre ce nom par contumas au 50ème anniversaire du débarquement) et son Koudbite, avec comme épitaphe « Ci git Matournée, qui n’est pas prêt de la remettre »
Ce fafiot tient lieu de faire-part.
(franck 77)